Le 13 février 2019 au Bal Blomet, à travers la programmation du Festival « Au fil des voix », j’ai pu faire la découverte d’un univers jazz s’affranchissant des frontières géographiques avec Elina Duni.
« Partir » : c’est le titre de son album solo sorti en 2018 mais aussi du spectacle présenté ce soir là. Il nous emmène avec elle en exil(s).
Pour nous accompagner, Elina nous donne un premier bagage pour le voyage : celui de la langue. Retentissent en effet pas moins de 9 idiomes pour 12 titres (du yiddish à l’arabe, en passant par le folklore balkanique mais aussi le français avec la reprise de « Je ne sais pas » de Jacques Brel). Egalement une manière de rappeler que le départ est une thématique universelle : quitter un pays, une situation, une personne par volonté ou par contrainte… Un sujet qu’elle connait plutôt bien pour avoir quitter l’Albanie à la chute du régime communiste, au profit de la Suisse avec son lot d’inconnu(e)s alors qu’elle n’avait que 10 ans. Mais aussi pour les contextes qui l’entouraient au moment de la composition du spectacle : une séparation après une longue relation et une mise entre parenthèses de son quartet pour une durée indéterminée (le « Elina Duni Quartet » avec Colin Vallon au piano, Patrice Moret à la basse et Norbert Pfammatter à la batterie).
Comme second bagage, elle partage avec nous sa musique (chant, guitare, piano, percussions). Vieille compagne de route (elle a fait ses premières scènes à 5 ans), elle lui a permis de continuer à avancer tout au long de sa vie. Un moyen là encore de communiquer de manière universelle mais aussi de communier avec les âmes. André Manoukian dira d’elle et à propos de cet album sur France Inter : « Au-delà de la performance, de la joie égotique du tout faire soi-même, l’esthétique minimaliste lui va à ravir. La voix nue laisse apparaitre une beauté sans fard, une émotion sublime, qui nous déchire et nous apaise en même temps… « .
Il est un peu avant 21H quand soudain une voix chaude résonne a cappella dans la salle du Bal Blomet, lui donnant une certaine dimension solennelle. Entre textes intermèdes des plus inspirés et musiques, Elina Duni se place à la croisée de la conteuse et de l’accompagnatrice spirituelle aux confins des « abîmes de la douleur, le cœur âpre comme un désert, pour finalement arriver à l’ultime refuge: la joie » (source : http://elinaduni.com). Une traversée poétique qui a ses versants mélancoliques, dramaturgiques même, sans céder à la noirceur… De belles images finalement pleine d’espoir, à l’image du Kintsugi (technique japonaise consistant à relier les pièces de céramique brisées avec de la laque dorée) et d’une métaphore avancée par l’artiste autour de la réparation des maux et des hommes. Sans oublier cette chanson parlant d’un enfant qui veut devenir un oiseau mais que sa mère entoure de couvertures pour l’empêcher de s’envoler (Oyfn Veg)…
N’hésitez pas à prendre votre billet pour ce beau voyage si l’occasion se présente. Voici quelques photos de cette belle soirée…
Les photos sont non libres de droits.
Site internet d’Elina Duni : http://elinaduni.com
Facebook d’Elina Duni : https://www.facebook.com/elinadunimusic/
Site internet du festival : https://www.aufildesvoix.com
Facebook du festival : https://www.facebook.com/aufildesvoix/?epa=SEARCH_BOX
Une réflexion sur “Elina Duni et « Partir » : un voyage spirituel jazz au-delà des frontières (13 février 2019)”